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Prendre soin de ses oreilles et protéger son audition à tout âge

Résumé
Si nous n’adoptons pas certains gestes de prévention au quotidien, le risque d’une perte auditive peut être irréversible. Le professeur Jean-Luc PUEL, Directeur de l’Institut des Neurosciences de Montpellier et Président de l’association Journée Nationale de l’Audition vous donne ses conseils.
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Journée Nationale de l'Audition
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Pour prendre soin de ses oreilles, on dit souvent qu’il faut les protéger du bruit. Pourquoi ?

Depuis Néandertal, c’est-à-dire depuis environ 70 000 ans, nous avons la même oreille. Elle a été conçue pour communiquer et pour que l’on soit averti des dangers éventuels. Mais certainement pas pour être sollicitée en permanence, comme c’est le cas dans nos sociétés modernes. Avec les musiques amplifiées, la circulation, les transports en commun, les open spaces, etc., nous vivons dans un monde extrêmement bruyant. L’oreille ne résiste pas aux fortes intensités sonores, tout simplement parce qu’elle n’est pas faite pour ça.

Que se passe-t-il lorsque l’on est exposé à un volume sonore excessif, brutal et prolongé ?

Les cellules sensorielles de l’oreille interne indispensables à l’audition, les cellules ciliées, peuvent être endommagées voire totalement détruites. Il s’agit d’un phénomène irréversible qui se traduit par des baisses d’audition, des difficultés à comprendre les conversations dans le bruit ou encore par des acouphènes (sifflements, bourdonnements d’oreille).

Comment faire pour échapper à toutes ces agressions sonores ?

Plusieurs choses : tout d’abord, même si ce n’est plus vraiment d’actualité, il faut absolument porter des bouchons d’oreille en mousse et s’éloigner des enceintes lorsque l’on assiste à un concert. Cela permet de se protéger tout en continuant à profiter de la musique. En boîte de nuit et dans les festivals, où l’exposition dure plusieurs heures, je recommande, en plus des bouchons d’oreilles, de faire des pauses régulières, en sortant ou en s’éloignant, toutes les deux heures pendant au moins trente minutes.

À l’occasion de la Journée nationale de l’audition qui a lieu le 11 mars, votre association lance la première « Journée sans écouteurs ». Pourquoi cette initiative ?

Les écouteurs et le casque restent la pratique dominante d’écoute nomade de musique amplifiée chez les jeunes. Or, à durée et à volume intensifs, cet usage n’est pas sans conséquence sur leur santé auditive. Mais ce n’est pas tout. Les écouteurs envahissent la vie de tous les Français : on les utilise aussi pour regarder des films, suivre des conversations téléphoniques, jouer aux jeux vidéo, travailler et, maintenant, télétravailler. Toutes les générations sont concernées.

Faudrait-il se passer totalement d’écouteurs ?

Non, je ne dis pas ça. Mais là encore, il est indispensable d’aménager des temps de repos et faire des pauses régulières, cette fois-ci au moins pendant deux heures toutes les deux heures. Ces temps dans le calme et le silence permettent à nos oreilles de récupérer. C’est également incontournable pour lutter contre les effets extra-auditifs du bruit, c’est-à-dire ce phénomène de fatigue, de stress et d’énervement permanent induit par le brouhaha constant que l’on subit dans nos sociétés.

Doit-on également faire contrôler ses oreilles régulièrement ?

Oui, surtout à partir de 50 ans. À cet âge-là, faire un bilan auditif chez l’ORL me paraît plus que raisonnable. Ensuite, tous les ans, tous les deux ans, c’est le médecin qui le dira. Il faut savoir aussi que rien ne vous empêche de faire contrôler votre audition, quel que soit votre âge, chez un audioprothésiste. Mais si vous avez besoin d’aides auditives, seul l’ORL pourra vous les prescrire.

 

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